16

Quand Wallander se réveilla tôt le matin, des nuages venus de l’ouest avaient atteint Ystad. On était le lundi 27 juin, il était près de cinq heures du matin. Toujours pas de pluie cependant. Wallander resta couché dans son lit et essaya en vain de se rendormir. Un peu avant six heures, il se leva, prit une douche et but un café. La fatigue, le manque de sommeil lui laissaient comme une douleur lancinante dans tout le corps. Il pensa avec regret que, quand il avait dix ou quinze ans de moins, il ne se sentait jamais fatigué le matin, quel que soit le nombre d’heures de sommeil. Mais ce temps-là était révolu.

À sept heures moins cinq, il franchit le seuil du commissariat. Ebba était déjà là ; elle lui sourit en lui tendant quelques messages.

— Je te croyais en vacances, s’étonna Wallander.

— Hansson m’a demandé de rester quelques jours de plus, répondit Ebba. C’est tellement agité en ce moment.

— Comment va ta main ?

— C’est comme je le disais. Ce n’est pas drôle d’être vieux. Tout fout le camp.

Wallander n’avait pas souvenir d’avoir entendu Ebba s’exprimer de manière aussi énergique auparavant. Il hésita un instant à parler de son père et de sa maladie. Mais il laissa tomber. Il alla chercher du café. Après avoir jeté un œil sur les messages téléphoniques et les avoir posés sur la pile de ceux de la veille, il décrocha le combiné et appela Riga. Il ressentit aussitôt une pointe de mauvaise conscience, dans la mesure où c’était un appel privé : il était assez vieux jeu pour ne pas aimer faire payer par son employeur une dépense qui lui incombait. Il repensa à ce qui s’était passé quelques années auparavant, quand Hansson était possédé par la passion des courses de chevaux. Il passait alors la moitié de ses journées de travail à téléphoner aux pistes de trot de toute la Suède, en chasse des derniers pronostics. Tout le monde le savait, mais personne ne réagissait. Wallander s’était étonné d’être le seul à penser qu’il faudrait en discuter avec Hansson. Puis, un beau jour, tous les programmes des courses et les coupons à moitié remplis avaient brusquement disparu du bureau de Hansson. Wallander avait entendu dire qu’il avait tout simplement décidé d’arrêter de jouer avant de se retrouver avec des dettes.

Baiba répondit à la troisième sonnerie. Wallander était nerveux. Chaque fois qu’ils se parlaient au téléphone, il craignait qu’elle lui annonce qu’elle n’avait plus envie de le revoir. Il était aussi peu sûr des sentiments de Baiba qu’il était certain des siens. Mais cette fois-ci elle semblait contente. Il partagea aussitôt cette joie. Elle lui expliqua que ce voyage à Tallinn avait été décidé à l’improviste. Une de ses amies devait s’y rendre et lui avait proposé de l’accompagner. Justement, cette semaine-là, elle ne faisait pas cours à l’université. La traduction qu’elle avait entamée n’était pas non plus si urgente. Elle parla brièvement de son voyage puis demanda comment ça allait à Ystad. Wallander se garda de dire que, pour le moment, leur voyage à Skagen était compromis par les événements de la semaine précédente. Il se borna à lui répondre que tout allait bien. Ils convinrent qu’il la rappellerait le soir même. Wallander resta un moment la main sur le combiné. Il commençait à appréhender sa réaction s’il était contraint de repousser ses vacances.

C’était un mauvais trait de caractère qui se renforçait avec l’âge. Il s’inquiétait pour tout. Il s’inquiétait parce qu’elle était partie pour Tallinn, il s’inquiétait à l’idée de tomber malade, il s’inquiétait de se réveiller trop tard, ou d’avoir une panne de voiture. Il s’entourait de nuages d’inquiétude inutiles. Avec une grimace, il se demanda si Mats Ekholm pourrait faire son profil psychologique et lui donner des conseils pour se libérer de tous ces problèmes qu’il ne cessait d’anticiper.

Il fut interrompu dans ses pensées par Svedberg qui frappa à la porte. Wallander remarqua que la veille il n’avait pas dû faire attention au soleil. Son crâne chauve était complètement brûlé, tout comme son front et son nez.

— Je n’apprendrai jamais, dit Svedberg d’un ton sombre. Ça brûle vachement.

Wallander pensa à la brûlure qu’il avait ressentie à la joue après la gifle de la veille.

— J’ai passé la journée d’hier à parler avec les gens qui habitent près de la villa de Wetterstedt. Il en est ressorti qu’il faisait souvent des promenades. Soit le matin, soit le soir. Il était toujours aimable et saluait les gens qu’il rencontrait. Mais il ne fréquentait personne dans le voisinage.

— Donc il avait l’habitude de faire une promenade même le soir ?

Svedberg consulta ses notes.

— Il avait l’habitude de faire un tour sur la plage.

— C’était une habitude systématique ?

— Si j’ai bien compris, la réponse est oui.

Wallander hocha la tête.

— C’est bien ce que je pensais.

— J’ai aussi une information qui peut présenter de l’intérêt, poursuivit Svedberg. Un retraité nommé Lantz, un ancien secrétaire de la commune, m’a dit qu’une journaliste de la presse écrite avait sonné à sa porte le lundi 20 juin. Elle cherchait la maison de Wetterstedt. Lantz avait compris que la journaliste et un photographe s’y rendaient pour un reportage. En d’autres termes, deux personnes sont entrées dans sa villa le dernier jour où il était en vie.

— Et des photographies ont été prises, ajouta Wallander. C’était quel journal ?

— Lantz ne savait pas.

— Alors il va falloir téléphoner aux journaux. Ça peut être important.

Après le départ de Svedberg, Wallander appela Nyberg. Quelques minutes plus tard, Nyberg vint dans le bureau de Wallander chercher les pages arrachées au numéro de Superman.

— Je ne crois pas que ton homme soit venu à bicyclette, dit Nyberg. Des traces derrière ce baraquement indiquent qu’un vélomoteur ou une moto a pu y passer. Nous avons vérifié que tous ceux qui travaillent à la réfection des routes ont des voitures.

Une image surgit rapidement de la mémoire de Wallander sans qu’il puisse la saisir. Il nota ce que Nyberg venait de dire dans son carnet.

— Que veux-tu que je fasse avec ça ? demanda Nyberg en montrant le sac plastique qui contenait les feuilles illustrées.

— Empreintes digitales, dit Wallander. Elles coïncideront peut-être avec les autres empreintes.

— Je croyais que seuls les enfants lisaient des bandes dessinées.

— Non. Là, tu as tort.

Quand Nyberg fut parti, Wallander hésita un instant. Rydberg lui avait appris qu’un policier doit toujours saisir ce qui est le plus important sur le moment. Mais qu’est-ce qui était le plus important ? Ils étaient dans une phase de l’enquête où tout pestait très peu clair, et où aucun élément ne pouvait être tenu pour plus important qu’un autre.

Dans l’état actuel des choses, le plus important était de compter sur sa propre patience.

Il sortit et alla frapper à la porte du bureau prêté à Mats Ekholm. Entendant sa voix, il ouvrit la porte et entra. Les pieds sur le bureau, Ekholm parcourait quelques papiers. Il lui montra de la tête le fauteuil et jeta les feuillets sur son bureau.

— Comment ça marche ? demanda Wallander.

— Mal, répondit Ekholm, jovial. C’est une personnalité difficile à cerner. C’est dommage que nous n’ayons pas plus d’éléments.

— Tu veux dire qu’il aurait dû commettre plus de meurtres ?

— Franchement, ça aurait simplifié les choses. Dans beaucoup d’affaires de tueurs en série où le FBI a trempé, il s’avère qu’il y a souvent un tournant dans l’enquête au bout du troisième ou du quatrième meurtre d’une série. C’est à ce moment-là qu’on peut mettre de côté ce qui est dû à un hasard spécifique à chaque crime, et qu’on commence à entrevoir un schéma général. Et c’est ce schéma que nous cherchons. Un schéma que nous puissions utiliser comme un miroir pour commencer à identifier le cerveau qui se cache derrière tout cela.

— Que peut-on dire sur les adultes qui lisent des journaux de bandes dessinées ? demanda Wallander.

Ekholm leva les sourcils.

— Ça a un rapport avec cette affaire ?

— Peut-être.

Wallander parla de sa découverte de la veille. Ekholm l’écouta avec intérêt et concentration.

— Chez les gens qui commettent des actes de violence répétés, il y a presque toujours immaturité ou perturbation affective, dit Ekholm. Il leur manque la capacité de s’identifier avec les valeurs d’autrui. C’est pour cela qu’ils ne réagissent pas non plus à la douleur qu’ils infligent aux autres.

— Tous les adultes qui lisent Superman ne commettent pas de meurtres, quand même.

— De la même manière qu’il y a des cas de tueurs en série spécialistes de Dostoïevski, répondit Ekholm. Il faut prendre chaque pièce et regarder si elle a sa place quelque part dans le puzzle. Ou si elle appartient à un autre puzzle.

Wallander commença à perdre patience. Il n’avait pas le temps de se lancer dans une longue discussion avec Ekholm.

— Maintenant que tu as lu tout notre dossier, qu’en tires-tu comme conclusions ?

— En fait, une seule : qu’il va frapper à nouveau.

Wallander attendit une suite, une explication qui ne vint pas.

— Pourquoi ?

— Quelque chose dans la globalité de ces deux crimes me le dit. Sans que je puisse le motiver autrement que par les expériences passées. D’autres affaires qui impliquaient aussi des chasseurs de trophées.

— Que vois-tu ? Dis-moi ce que tu penses en ce moment. Quoi que ce soit. Je te garantis que tu ne seras pas tenu plus tard pour responsable de ce que tu m’as dit.

— Un adulte. En considérant l’âge des victimes, et le fait qu’il a dû avoir affaire à elles, d’une manière ou d’une autre, je pense qu’il a au moins trente ans. Mais sans doute plus. Son identification possible à un mythe, peut-être à un mythe indien, fait que je me l’imagine en excellente condition physique. Il est à la fois prudent et intrépide, donc calculateur. Je crois qu’il mène une vie régulière et bien organisée. Le fond de sa personnalité, qui est terrible, il le cache derrière une banale apparence de normalité.

— Et il va frapper à nouveau ?

Ekholm haussa les épaules.

— Espérons que je me trompe. Mais tu m’as demandé de te dire ce que je pensais en ce moment.

— Il s’est passé trois jours entre Wetterstedt et Carlman. S’il tient cet intervalle de trois jours, il doit donc tuer quelqu’un aujourd’hui.

— Ce n’est pas obligatoire. Comme il est prévoyant, le facteur temps ne joue pas un rôle décisif. Il frappe quand il est sûr de réussir. Il peut, bien sûr, se produire quelque chose aujourd’hui. Mais ça peut aussi bien arriver dans plusieurs semaines. Voire plusieurs années.

Wallander n’avait pas d’autres questions. Il demanda à Ekholm d’être présent quand le groupe de travail se réunirait plus tard. Il retourna dans son bureau avec un sentiment de malaise grandissant dû aux réflexions d’Ekholm. L’homme qu’ils recherchaient, et dont ils ne savaient rien, allait frapper à nouveau.

Il prit le carnet sur lequel il avait noté les paroles de Nyberg et tenta de retrouver l’image fugitive qui avait traversé sa mémoire. Il avait le sentiment que c’était important. Il était certain que c’était lié au baraquement de cantonnier. Mais il ne parvint pas à retrouver ce que c’était.

Il se leva et gagna la salle de réunion. Rydberg lui manquait plus que jamais.

Wallander s’assit à sa place habituelle, à une des extrémités de la table. Il jeta un regard autour de lui. Tous étaient présents. Il sentit aussitôt cette atmosphère particulière de concentration qui régnait quand tous espéraient qu’ils allaient franchir un palier dans l’enquête. Ils allaient être déçus. Cependant, personne ne le montrerait. Les policiers réunis dans cette salle étaient de haut niveau.

— Récapitulons ce qui s’est passé pendant ces dernières vingt-quatre heures dans l’enquête sur les scalps, commença-t- il.

Il n’avait pas prévu de dire « l’enquête sur les scalps » ; c’était venu tout seul. Mais à partir de ce moment-là l’enquête ne fut plus jamais désignée autrement à la brigade criminelle.

Quand il n’y avait pas urgence à parler, Wallander prévoyait en général de faire son rapport en dernier. C’était pour une bonne part lié au fait que tous s’attendaient à ce qu’il fasse la synthèse et qu’il les fasse ainsi avancer. Il était naturel que ce soit Ann-Britt qui prenne la parole en premier. Le fax envoyé de la quincaillerie Skoglund fit le tour de la table. On avait pu contrôler dans les registres pénitentiaires centraux les informations déjà confirmées par Anita Carlman. En revanche, Ann-Britt n’avait pu avancer dans la partie la plus difficile, à savoir obtenir des confirmations et, de préférence, des copies des lettres que Carlman aurait écrites à Wetterstedt.

— Le problème est que tout remonte à si loin, dit-elle pour conclure. Même si nous vivons dans un pays où les fichiers et les archives sont bien tenus, ça prend beaucoup de temps de se frayer un chemin jusqu’à des événements et des documents survenus ou rédigés voici plus de vingt-cinq ans. En plus, ces informations sont antérieures à l’époque où les données des fichiers et des archives ont été rentrées dans les ordinateurs.

— Et pourtant, il faut fouiller par là, dit Wallander. Le lien entre Wetterstedt et Carlman est fondamental pour nous permettre d’avancer.

— L’homme qui a téléphoné, dit Svedberg en frottant son nez brûlé par le soleil. Pourquoi ne voulait-il pas dire qui il était ? Quel genre d’individu peut entrer par effraction pour envoyer un fax ?

— J’y ai réfléchi, dit Ann-Britt. Il voulait nous mettre sur une piste bien précise, c’est évident. Il peut y avoir plusieurs raisons à ce qu’il ait voulu dissimuler son identité. Une de ces raisons pourrait être qu’il a peur.

Le silence se fit dans la salle.

Wallander se dit qu’Ann-Britt avait raison. Il lui fit signe de continuer.

— C’est une pure hypothèse. Mais imaginez qu’il se sente menacé par l’homme qui a tué Wetterstedt et Carlman. Il a tout intérêt à ce qu’on arrête le meurtrier. Sans dire qui il est.

— Dans ce cas, il aurait dû être plus clair, dit Martinsson.

— Peut-être ne le pouvait-il pas, objecta Ann-Britt. Si mon hypothèse est bonne, et qu’il nous a bien contactés parce qu’il avait peur, il nous a sans doute aussi dit tout ce qu’il savait.

Wallander leva la main.

— Suivons cette idée. L’homme qui envoie le fax nous donne des informations dont le point de départ est Carlman. Pas Wetterstedt. C’est un point fondamental. Selon lui, Carlman a écrit des lettres à Wetterstedt et ils se sont vus après la libération de Carlman. Qui peut détenir une telle information ?

— Quelqu’un qui a lui aussi été en prison, dit Ann-Britt.

— C’est aussi ce que je pense, dit Wallander. Mais d’un autre côté, ton hypothèse qu’il nous contacte parce qu’il à peur ne tient, à ce moment-là, plus debout. Si son contact avec Carlman a seulement été celui qu’on peut avoir avec un compagnon provisoire de détention.

— Il y a malgré tout eu une suite, dit Ann-Britt. Il dit que Carlman et Wetterstedt se sont rencontrés après que Carlman est sorti de prison. Cela indique que le contact s’est poursuivi.

— Il peut avoir été témoin de quelque chose, dit Hansson, qui était resté silencieux jusque-là. Pour une raison ou une autre, deux personnes se retrouvent assassinées vingt-cinq ans plus tard, à cause de cette chose.

Wallander se tourna vers Mats Ekholm, assis dans son coin au bout de la table.

— Vingt-cinq ans, c’est long, dit Wallander.

— Le temps d’incubation de la vengeance peut être infini, répondit Ekholm. Les processus psychiques n’ont pas de délai de prescription. C’est une des vérités les plus anciennes en criminologie que de dire qu’une vengeance peut attendre un temps infini. Si tant est qu’il s’agisse d’une vengeance.

— Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? demanda Wallander. Nous excluons un crime lié à un vol. Selon toute vraisemblance en ce qui concerne Gustaf Wetterstedt, de manière certaine dans le cas de Carlman.

— Une image peut avoir beaucoup de composantes, dit Ekholm. Même un crime de sang pur et simple peut être construit autour d’un mobile qui n’est pas discernable au premier abord. Un tueur en série peut choisir ses victimes selon des critères qui nous paraissent, à nous, complètement incohérents. Si nous réfléchissons aux scalps, nous pouvons nous poser la question de savoir s’il n’est pas à la recherche d’un certain type de cheveux. Sur les photos, je constate que Wetterstedt et Carlman avaient le même type d’épais cheveux gris. Nous ne pouvons rien exclure. Mais en ma qualité de profane pour ce qui est des méthodes d’enquête de la police, je suis d’accord avec vous : le lien entre les deux crimes doit être la priorité du moment.

— Se pourrait-il que nous pensions tous de travers ? lança Martinsson. Peut-être le meurtrier voit-il un point commun symbolique entre Wetterstedt et Carlman ? Pendant que nous sommes en train de fouiller dans la réalité, peut-être voit-il, lui, un rapport symbolique qui ne nous est pas perceptible ? Quelque chose qui serait impensable pour nos esprits rationnels ?

Wallander savait qu’il arrivait parfois à Martinsson de saisir une enquête à bras-le-corps pour la remettre sur les bons rails.

— Tu penses à quelque chose, dit-il. Continue.

Martinsson haussa les épaules, semblant déjà presque prêt à retirer sa première carte.

— Wetterstedt et Carlman étaient des gens riches, dit-il. Ils appartenaient tous les deux à la classe supérieure. En tant que représentants du pouvoir politique et économique, ils sont tous les deux bien choisis.

— Tu cherches des motifs terroristes ? demanda Wallander avec étonnement.

— Je ne cherche rien, répondit Martinsson. J’écoute ce que vous dites et j’essaie de penser en même temps. J’ai au moins aussi peur que tout le monde dans cette pièce qu’il frappe à nouveau.

Wallander regarda tous ceux qui étaient rassemblés autour de la table. Des visages graves, pâles. En dehors de Svedberg et de son coup de soleil.

À cet instant il comprit qu’ils avaient tous aussi peur que lui. Il n’était pas le seul à craindre la prochaine sonnerie de téléphone.

 

La réunion se termina un peu avant dix heures. Wallander avait prié Martinsson de rester.

— Qu’est-ce que ça donne, pour la fille ? demanda-t-il. Dolores Maria Santana.

— J’attends toujours une réaction d’Interpol.

— Relance-les.

Martinsson le regarda, perplexe.

— Avons-nous vraiment le temps de nous occuper d’elle maintenant ?

— Non. Mais nous ne pouvons pas non plus laisser ça traîner.

Martinsson promit de renvoyer une demande d’information sur Dolores Maria Santana. Wallander alla dans son bureau téléphoner à Lars Magnusson. Celui-ci mit longtemps à répondre. Wallander reconnut au son de sa voix qu’il était ivre.

— J’ai besoin de poursuivre notre conversation.

— Tu téléphones trop tard, répondit Lars Magnusson. À cette heure-ci de la journée, je ne tiens plus de conversation du tout.

— Fais du café. Et enlève les bouteilles. J’arrive dans une demi-heure.

Il raccrocha au beau milieu des protestations de Lars Magnusson. Ensuite, il lut les deux comptes rendus d’autopsie déposés sur son bureau. Avec les années, Wallander avait appris à comprendre les rapports indéchiffrables que rédigeaient les pathologistes et les médecins légistes. Il avait d’ailleurs suivi un cours organisé par la direction centrale de la police. Il avait été à Uppsala, et Wallander se rappelait encore la sensation désagréable qu’il avait éprouvée dans un laboratoire de médecine légale.

Il ne lut rien d’inattendu dans ces deux rapports. Il les mit de côté et regarda par la fenêtre.

Il essayait de se représenter le meurtrier qu’ils recherchaient. De quoi avait-il l’air ? Que faisait-il à cet instant précis ?

L’image était vide. Wallander ne voyait que de l’obscurité.

Mal à l’aise, il se leva et sortit.

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